26 février 2008

enchanteresse.



écris-moi un livre qui guérisse
je suis la fille miroir
mets-toi devant moi et
tu te verras tel que tu es
tel que tu te veux

je suis la fille en verre
vide mais brillante
comme de l'argent poli
courbes et contrecourbes
te reflètent
déformé, cassé, tranchant
ton visage se mire dans le mien comme
un texte
un conte de fées sans fin
une histoire vraie
ceci est une histoire basée sur des faits réels
je l'ai rêvée hier pendant la
sieste.

cherche-toi dans le vide de mon regard - tout y est creux
c'est là que tu trouveras
toutes les réponses
toutes les grandes phrases
tout ton être
ici, dans un vide constructeur
tu seras ta propre architecture
le nombre d'or éparpillé parmi les tessons d'un chaos
vitré.

car je suis la fille de verre
un miroir textuel,
la mer des criques - limpide
insaisissable, froide-
véritable glaçon qui
dissoudra l'alcool de tes pensées.
mes eaux sont instables
ton reflet le sera aussi - il trouvera la dedans
toutes ses formes
monstrueusement monstrueuses
fascinantes
effrayantes
profondes
indigestes
sous la coupole d'un ventre
scintillant et translucide
comme la nef d'une serre -

je suis la fille miroitante en verre -
voilà ta captivité.

je suis la perte de tout sens -
tu te retrouveras toi même et non pas
le sens
car il n'y a pas de sens à saisir
c'est vrai: on nous a menti tout ce temps
la vérité est -
la vérité est qu'il n'y a pas de raison pour quoi que ce soit
on nous a menti: c'est vrai -
il n'y a pas de liberté dans l'instant, juste une captivité qui
se perpétue successivement de seconde en seconde.
nous sommes prisonniers du maintenant
l'illusion est la seule vérité, la seule qui rende le possible
possible:
reflète toi dans mes paupières fermées et tes rêves
resteront ce qu'ils sont
dans les images les plus vives et les plus crues
que tu n'aies jamais vues.

je suis la fille fenêtre:
tu peux tout voir à travers moi et les carreaux de vitre séparés de plinthes en bois
haché
regarde moi et donne moi des yeux pour me voir telle que je ne serai
jamais:
le réseau de lignes
la géométrie stérile de mes formes -
ceci est la toile qui t'enferme-
des barres et des frontières
tracées minutieusement par un artisan
toqué -
aussi toqué que toi qui te crées en me regardant.
prends un stylo
noir noir noir noir
et donne moi un nom;
inscris-le en haut, à gauche, là où
mon front
biaisé
devrait se trouver-
et si tu es content de ton œuvre:
casse-la et
brûle-la
pour que le reflet soit
occulté
à jamais
derrière un voile fumé.

je suis le mystère et mon voile est un haillon doré.

Aucun commentaire: