et je me sens envahie. Je sens les livres s’écrouler sur moi.
J’aimerais pouvoir prendre la balle qui perce l’air de mes rêves ;
Dans ma chair
je veux qu’elle y laisse ses traces et qu’elle y fasse voir les mots dont je suis faite.
Sinon
Je vais enterrer mes peintures.
Je vais enterrer leurs cris, leurs rires fous.
Je vais creuser la terre avec mes mains et sentir les fibres âpres de mes toiles.
Je reviendrai dans la terre.
Je verrai tout du bout de mes doigts.
Car tout est là ; les tableaux déchirés, leurs marges rugueuses
prêtes à être recomposées dans une seule peinture
obscure
qui soit moi.
Noire.
Alors je prendrai la balle et j’écrirai de son encre :
Argument pour les anges : parce qu’ils n’ont plus d’ailes.
Argument pour la terre : parce qu’elle cache.
Argument pour la pluie : parce qu’elle me dissout.
Argument pour le cri : il me libère et il me tue.
Argument pour les pierres : elles ne crient jamais. Leur hurlement est le silence. Elles ne sentent pas. Elles sont.
Contre-argument : je suis. »
***
Je me suis laissée là, seule.
Je m’avais l’air heureuse.
Je me suis enfuie. J’avais été.
Voilà.
Je t’ai aimé.
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